26 août 2007
Carte postale "La rizière s'amuse"
Voilà trois semaines que je suis sur le tournage de ''La rizière s'amuse''... Au stade ou j'édite c'est vraiment le début. Je viens juste d'embarquer et je n'ai pas encore rencontré Isaac ou Commandant Stobbing ! Mais alors que raconter par où commencer ? Allez je m'essaye à un exercice de patinage artistique sur la surface lisse de vos écrans. Tant de choses, si peu de recul. Je vous envoie ma première ''carte postale from Asia''
Tout d'abord, je découvre l'Asie pour la première fois, il faut bien que je sois honnête avec vous et moi. Les photos du Lonely Planet sont soudain devenues floues dans ma tête. Les photos parlent peu, elles chuchotent, rien ne remplace la présence sur les lieux mais allez, c'est déjà un bon spot. Aussi, j'informe tout lecteur que j'avais toujours cru, jusqu'alors, que Paris-Plage était la plus belle des destinations.
J'ai passé quelques jours a Bangkok (où je suis retournée plusieurs fois depuis et j'adore cette ville, où croiser dingo et Pluto ne me surprendrais pas. C'est une mégaville bouillonnante, tourbillonnante, agitée, vivante de plus de 10 millions d'habitants. Des immeubles haut perchés toisent des cantoches de rues et joyeux bazars, un traffffffic sans fin fait office de décor et habillage sonore à la fois, une foule d'après concert de Michael Jackson- avant qu'il ne tourne mal- circule, il fait chaud, le brouhaha est étourdissant. Je vois aussi du gris, du riz, des échoppes à l'infini... bref une ambiance saississante ! La transition avec Paris est assez évidente...
Quelques 10 heures de voiture et huit heures de bateau -peu rassurant- plus tard (Bangkok > le poste frontiere de Poit Pet > Sisophon > Battambang > Siem Reap) j'ai peu a peu réalisé que mon periple me réservait encore plein de ''???'' et de ''!!!"
La transition devenait certaine au fur et à mesure que nous roulions vers l'Est asiatique.
Le décor (*) a commencé à évoluer, à se préciser pour enfin se figer. Ce lieu -de tournage - est devenu mon quotidien.
(*) Les couleurs -du vert et encore du vert ; les matériaux -du bois, de la brique ; les animaux -des buffles, vaches, cochons, singes, margouillas, geckos, moustiques. C'est un peu 30 millions d'amis en fait mais dommage qu'ils ne parlent pas ! Les routes sont souvent ferreuses et poussiéreuses, boueuses (lorsque la pluie paralyse la poussière) ; les visages halés et si souriants.
Petite parenthèse sur mes chaussures : je vis déjà en pieds nus, claquettes de plage. Elles ont à ma grande surprise perdu leurs jolis talons de chez Céline ou Fendi. Bon j'avoue que j'ai alors hésité à prendre un billet retour pour la rue Aéroport de Siem Reap- Rue Saint-Honoré. Queques hésitations plus tard...
... Bienvenus chez les Khmers, à Siem Reap - Cambodge.
Cette découverte est surprenante.... c'est un éveil des sens jusque là enkylosés par le train train parisien. La touriste que je pensais être à mon arrivée a finalement vidé le contenu de ses valises dans une armoire, installé le cable TV aujourd hui même -vive TV5 Monde-, ''meublé'' son appartement qui ressemble davantage à un grenier sponsorié par "les vides greniers". Aujourd'hui je conduis ma petite moto -un peu gauchement j'avoue mais j ai quand même testé à trois sur la selle. Je me lave quand il n'y a pas coupure d'eau -mais quotidiennent quand même/ au pire il y a le puits. Mes talons ne sont pas si inutiles et ne trainent jamais loin du lit pour les moustiques. Aussi, exit les maquillages, les brushings et vernis en tout genre, vive le naturel. Chaque soir j'ajuste ma precieuse moustiquaire et me parfume au ''cinq sur cinq'' (ce n'est pas une fragrance Chanel mais c'est un repulsif pour les araignées, moustiques et autres bestioles peu sympathiques... Cela n'engage que moi mais y'a pas feeling) quatre fois par jours toutes les huit heures.
Mes yeux sont très curieux, les expressions de mon visage défilent...Oh ! Ah ! Hein ! Han ! Euh ! Naaan ! Mes papilles savourent, mes mains sont moites, en fin de journee mes vêtements sont humides... Il fait très chaud, trop chaud. Bosser dans ces conditions climatiques est une habitude à prendre... il parait. Mais combien de fois je rêve de faire une sieste lovée dans un hamac, sous un manguier ou un cocotier.
Les fruits sont exquis (coconuts, oranges, bananes, magoustans, mangues, dragons, ananas... et autres fruits aux noms imprononcables mais mangeables).
Les pluies sont rares pour une saison des pluies...la sècheresse inquiète ici aussi. Mais quand le ciel explose et gronde... quel soulagement. Alors ... soudainement, les grenouilles des environs forment le plus impressionnant des orchestres philarmoniques !
Des 5/6 heures le soleil se lève, rechauffe rapidement mais à mon grand regret à 19h il fait noir. La nuit nous enveloppe subitement et les rares lampadaires de la ville prennent le relais. Il y a aussi les enseignes lumineuses des pubs/bars que j'ai d'ailleurs peu frequentés pour le moment. Les moustiques attaquent alors -mes jambes ressemblent en ce moment a de la tôle ondulée.
Siem Reap est un jolie ville bouillonnante, aux allures coloniales ! L'architecture a un charme désuet. Quelques clichés : Vous pouvez rentrer dans une boutique et ne pas être derrangé par le vendeur -il s'est alors endormi sur son comptoir. Toujours bien faire attention avant de traverser les rues, rares sont les feux -j'en ai vu deux voire trois- et pas de stop ou autres panneaux sans doute jugés inutiles ; le sens de circulation est probablement en option; attention aux scooters qui transportent des cochons -couinant à 200 décibels - ou autres curiosités sur leurs porte-bagages... Le klaxon est le plus précieux des équipements des voitures et deux roues. S'il est en panne, attention danger.
La nature. Ah ! C'est elle qui règne. La jungle est superbement extravagante mais j'ai pas encore vu Moogli. Les campagnes sont à parcourir aussi souvent que possible. J'aime aussi les rizières d'un vert exhubérant, les buffles travailleurs... mais pas très sexys.
Siem Reap ne serait pas Siem Reap sans les temples qui s'étendent majestueusement sur des dizaines de km dans la jungle ! La nature a failli avoir raison d'eux mais l'Unesco a dépêché ses troupes internationales sur place. Angkor -aux portes de Siem Reap- est aujourd'hui le plus grand site archéologique -du monde. Just magique ! Le pied d'y faire du vélo le WE. Les touristes affluent du monde entier (1 million de touristes a Siem Reap) & 85 000 hab. On compte environ 600 francais/ 2 000 expat toute nationalité déclarés. C'est vivant. Ambiance de village garantie où tout le monde se connait -moi je ne connais pas encore grand monde évidement. La nuit, les bars et resto se remplissent.
(...)
Samedi matin, je pars quelques jours à Pnom Phen-la capitale pour le boulot. J'espère qu'il y a un vrai supermarché. Celui du coin fait à tout casser deux ''épiceries-arabes'' et encore. Je sais je sais je parle consommation mais on ne coupe pas avec les habitudes du jour au lendemain.
Allez je file piquer une tête à la piscine. Je pense bien à vous, à Paris, à la Gaule, aux grèves a venir.